Mes mercredis en Allemagne

14/11/2013 07:55

Je connais quelqu'un qui m'emmène avec lui tous les mercredis en Allemagne. Ce jour chômé pour moi, béni, est l'occasion de penser à lui du matin au soir. Je me lève en me demandant ce qu'il est en train de faire en fonction de l'heure : 5 h du mat, il se lève. 6H il part pour l'aéroport. 8H je promène mon chien, lève la tête, aperçois un avion dans le ciel bleu et me demande s'il se trouve dans cet avion. IMPROBABLE ! 10H00 : il doit être arrivé. Où ?  je l'ignore. Moi, je ne connais que Berlin. Il y a 20 ans, je faisais le tour de la Corse en sac à dos avec une amie, Patience, en septembre. On a rencontré lors de notre péril, 2 jeunes Allemands qui faisaient de la varape avec tout le matériel adéquat alors que Patience et moi nous étions en simple short baskettes ! Ils nous ont pris sous leur coupe et nous avons passé une délicieuse après-midi à apprendre à faire de la varape ! Nous avons échangé nos coordonnées et, contre toute attente, en janvier de l'année suivante je suis partie pour l'Allemagne invitée à Berlin par mes 2 zigotos. Patience n'ayant, au dernier moment, pas pu se joindre à nous pour raison de santé. J'ai été chouchoutée comme un coq en pâte durant 5 jours. J'ai adoré Berlin. La liberté des Allemands m'a interpelée : eux qui sont si respectueux, si disciplinés qu'il n'y avait pas de barrière à ticket dans le métro puisque tout le monde prenait son ticket, et bien vous pouviez les voir se balader à poil dans leurs appartements, ou jouer au volley à poil dans le parc de Berlin au milieu des autres personnes habillées : un rapport au corps, à la liberté de mouvement, au respect des autres incroyable. Et cela ne choque personne à part les petites Françaises coincées qui se croient si libérées ! Sacrée leçon !

Je reviens à mes mercredis en Allemagne : ils me promènent, me changent les idées. 14H30 je suis à la piscine. C'est un rituel depuis quelques mois auquel je ne dérogerai pour rien au monde. J'en ai physiquement besoin pour relâcher la pression. J'en ai moralement besoin pour relâcher mon esprit. Au début, j'enchaîne les longueurs avec application puis arrive un moment de détente totale où l'esprit vagabonde et me rammène inévitablement en Allemagne vers lui. Je repense à nos échanges téléphoniques ou nos e-mails ou nos trop rares rencontres. Et je pleure de rage, de désespoir : la peine au lieu de s'affadir, de s'étioler avec le temps ne fait que grandir. Morrissey : "Can  you stop this pain ? " et moi "Who can stop this pain ?" car il n'y a plus personne, il est si loin ...