Interlude4

17/03/2014 12:15

 

Interlude 4 : ABANDON

 

Elle n’en peut plus : Cette attente est insoutenable ! Déjà 4 jours qu’il ne donne plus signe de vie, qu’il a totalement disparu de sa vie. Plus de nouvelle, Black-out total. Comment supporter ces longues minutes à se demander sans cesse où il se trouve, avec qui, pourquoi il ne revient pas vers elle, qu’est-ce qui le retient ailleurs ? Elle se torture toute seule : elle se fait des films qui tournent en boucle, elle en change la fin ou le début, modifie le casting, pleure en cours de tournage : « Coupez ! ». Elle n’y voit plus rien, les larmes lui brouillent la vue. Elle les essuie rageusement : « Ca suffit ! Reprend-toi ! » se dit-elle. Elle cherche alors à se raisonner : il va revenir, il revient toujours de toute façon. C’est juste une question de temps. Et puis combien de temps pourra-t-il tenir sans elle ? Sans qu’elle le cajole, s’occupe de lui, lui murmure à l’oreille combien elle l’aime, combien il est beau et intelligent. Combien de temps avant que ne lui manque tous ces compliments, toutes ces attentions : les bons petits plats mijotés, les câlins à n’en plus finir, les promenades à deux, les parties de jeux, les footings.

Ses amis lui disent qu’elle ne doit pas se mettre dans un état pareil. Certains lui disent qu’il reviendra, d’autres se contentent de lui dire que ce n’est pas si grave, qu’elle doit se faire à l’idée qu’il lui est peut-être arrivé quelque chose ou qu’il ne reviendra pas. Aurait-il trouvé mieux ailleurs ? Cette idée est si insupportable qu’elle suffoque littéralement et doit se forcer à respirer calmement plusieurs fois de suite pour que la boule d’angoisse qui lui serrait la gorge finisse par se désagréger tout doucement. NON ! C’est IMPOSSIBLE, il ne lui ferait pas ça ! Pas après tout ce qu’ils ont partagé, tous ces souvenirs en commun, toute cette complicité, tous ces fous rires, toute cette joie et ce bonheur ! Personne ne peut se passer de cela, il va revenir, c’est sûr !

Et puis le doute à nouveau qui s’immisce, la petite voix fielleuse de son petit démon qui lui murmure : «Et s’il t’avait oublié ? Et s’il en avait marre de tes mamours, de tes papouilles, de ton appétence ? S’il avait besoin d’air, de nouveauté, de fantaisie ? S’il en voulait une autre, plus blonde, plus petite, plus disponible, plus jeune, plus jolie ? ». Ou pire, s’il lui était arrivé quelque chose de terrible : un accident de voiture ! Il est resté sur carreau, écrabouillé sur un bout de trottoir, incapable de parler, de crier qu’il l’a veut, qu’il n’attend qu’elle, qu’il n’a besoin que d’elle. 

Elle se demande alors : « Aurait-il perdu la médaille de son collier qui porte son nom  Gribouille  et le N° du portable pour que l’on puisse la prévenir en cas d’accident ou de perte ? »