Interlude1

30/10/2013 20:32

INTERLUDE N°1

ILS sont apparus sans crier garde, un soir, l’empêchant de fermer les yeux, d’accéder au repos salvateur de la nuit tant qu’il ne s’occupait pas d’EUX.

Il les avait maintenus en vie … Chaque nuit, durant des heures il s’appliquait à cette tâche.

Les jours succédèrent aux nuits, il s’endormait quelques heures au petit matin, juste le strict nécessaire pour assurer sa propre survie, 2 à 3 heures de sommeil par nuit. Guère plus. Parfois, pour tenir le coup, dans la journée, en catimini, il partait s’isoler pour une mini sieste salvatrice : quelques minutes de plus pour tenir encore et encore.

Cela fait des mois qu’’ILS’ n’arrêtent pas de lui envahir la tête. La fatigue et son cortège de maux s’étaient installés dans sa vie : ILS lui avaient phagocyté  son cerveau. Il était devenu un zombi. Il savait pertinemment que cela devait cesser, qu’il devait ABSOLUMENT DORMIR ! Retrouver la paix de l’esprit !

LA PAIX ! Et LEURS cris continuèrent de marteler sa tête.

LA SOLUTION lui sauta aux yeux : LES supprimer, en finir une bonne fois pour toute. Bien sûr que cela le dégoutait, lui coûtait mais c’était une question de survie : sa propre existence était en danger, c’était de la légitime défense. 

Après des mois de nuits hachées, épuisé, à bout nerf, il avait pris sa décision : l’issue inéluctable pour assurer sa propre survie cela lui sauta aux yeux comme une évidence !

Une fois ses premiers scrupules surmontés, il mit à bien son plan diabolique avec un sang froid et une détermination sans faille : sélectionner le papier bien sec et noirci d’encre, le petit bois, les petites bûches puis les grosses. Il avait fallu faire de la place pour ériger ce feu. Il avait tout bien préparé comme il avait l’habitude de le faire à la campagne pour fumer le cochon : d’abord le papier froissé, puis le petit bois installé tout autour en forme de pyramide. Il avait ajouté, toujours en respectant la structure pyramidale, les bûchettes et enfin deux grosses bûches. Au moment d’allumer le feu à l’aide de grosses allumettes, il avait eu un moment de recul comme une lueur de lucidité : n’y avait-il pas un autre moyen ? Ne pouvait-il pas LES sauver encore un peu ? Mais il n’en pouvait plus, aspirant maintenant avec frénésie au repos tant attendu depuis des mois. Rien ne pouvait plus le détourner de son obsession.

Il est allé LES chercher, LES a installé un par un dans le foyer. ILS se sont révoltés, ont hurlé, puis finalement  se sont tus les uns après les autres. Il LES a regardés se tordre de douleur.


La mise à mort de ces « PERSONNAGES » trop envahissant. Après il pourrait enfin se reposer.

Installé dans son fauteuil à bascule, l’écrivain assiste à la destruction de son œuvre dans l’espoir insensé de taire son imagination.

                Le 09 octobre 2013, à Laurent qui m’a inspiré cet exercice de style de ‘nouvelle à chute’