Histoire vraie

02/01/2014 04:53

J'ai 13 ans en 1977. Mon père, Daniel,  joue très très bien au bridge dans le club huppé de la ville cotée de Saint Cloud ! Il fréquente donc du beau monde car il est très demandé comme partenaire. Du coup, nous "fréquentons" une classe sociale nettement au dessus de nous. A l'époque j'habite dans un immeuble HLM rue de la porte jaune à St Cloud. Rien de bien palpitant. Mais la résidence est bien entretenue, six étages max, des espaces verts, des box en sous-sol et une dizaine de bâtiments : c'est plutôt haut de gamme en terme de HLM. Mes parents louent un appartement de 78 m2 qui leur a été attribué par le travail de papa qui est chef comptable chez HAVAS, ma mère étant assitante de direction dans une boite de musique située à St Cloud. Mon père fou de bagnoles a une BMW (d'occasion tout de même !) et ma mère une Lancia Fulvia (d'occase aussi mais tout de même une vraie petite bombe cette italienne !). Mes parents ont aussi eu l'idée saugrenue de faire construire une maison de campagne au milieu des champs dans le Morvan dans un bled de 150 habitants où la seule attraction des environs est de voir passer les chevaux de la chatelaine du coin ! Je vais m'y faire Ch.. durant tous les étés et un WE sur 2 jusqu'à ma majorité où je serai devenue autonome pour conduire et donc vivre enfin ! Echapper à ce lieu détesté où tout est trop calme et tranquille pour une jeune fille, unique qui plus est !

Mais revenons à l'année 1977. Donc j'ai 13 ans et j'en parais 18 : 1m65, 55 kilos, une silhouette formée et la fraîcheur de l'innocence car dans ma tête je suis une gosse et j'ai vraiment 13 ans ! Et grâce aux connaisssances "Bridgeuses" de Papa, nous sommes invités l'été 15 jours au RAYOL (sud de la france du côté de ST TROP), dans une villa surplombant la mer avec piscine. Et quand je dis villa je vous parle d'une propriété avec terrain, tour, chambres d'amis avec salle d'eau, bref le truc de ouf !

Au bout de quelques jours de piscine coincée entre mes parents et le couple de nos hôtes qui passent leur temps à se faire bronzer, à jouer au scrabble ou aux boules, je me rase un peu. Je demande donc à mes parents si je peux descendre à la mer. Mais bien sûr, pas de problème, il y en pour 5 mn à descendre !

Et me voila libérée d'un poids : à moi la liberté ! Je m'installe donc sur une petite plage et je fais la connaissance d'un garçon qui doit avoir 18-20 ans, qui est Allemand mais parle un Français impeccable avec un charmant accent parce que ses parents ont une maison au Rayol et qu'il vient 3 à 4 fois par an en vacances au Rayol. Et qui est très gentil avec moi : il me fait découvrir une plage privée à laquelle nous ne pouvons accéder qu'à la nage, il m'emmène dans la villa de ses parents : du même accabi que celle de nos hôtes mais je suis blasée, plus rien ne m'étonne !  Il me demande si je connais le Lavandou : NON ! Alors il m'y emmène, me paye une glace, joue les guides touristiques et me rammène toujours à l'heure à la maison sans que mes parents ne se doutent de rien. Ce petit manège durera quelques jours jusqu'à ce que je m'en aille. A aucun moment il n'aura eu de geste déplacé à mon égard ou d'équivoque. Je n'ai pas le souvenir de m'être sentie mal à l'aise avec lui, bien au contraire : c'était comme un ami ou un grand frère.
Quand j'ai raconté cette histoire tout récemment à ma mère elle m'a fait cette réflexion qui sur le moment m'a paru stupide mais en fait, après réflexion, pas si bête : "il était homo !". Peu importe ! De toutes façons, j'aime ce souvenir impeccable et si je retrouvais ce garçon, sure que je ne le reconnaîtrais pas mais j'aimerais lui dire combien penser à son attitude si chevaleresque me rempli de gratitude. J'étais si jeune, si innocente, il aurait été si facile d'abuser de moi, de me blesser à jamais et au lieu de tout cela, ce ne sont qu'une foultitude de jolis souvenirs qui se sont empilés et m'ont permis de grandir gentiment à mon rythme. Merci Monsieur ! Je vous espère en bonne santé et heureux de vivre ! Bonne année 2014, glückliches neues Jahr !