Divagations

31/10/2013 23:06

DIVAGATIONS

Que tous les joueurs de loto de la Française des jeux ou des organisations de parties de loto aux fins fonds de nos provinces Françaises, les accros des tickets de grattage,  les aficionados du PMU, les parieurs excités, les joueurs de casino, les accros des parties de poker, les dépendant des tirages au sort de la télévision, journaux, sponsors, marques en tout genre, bref, que tous ceux qui rêvent encore, me suivent dans mes divagations. Je vous emmène dans les mystères de l’indicible,  de l’inexplicable, de l’irraisonné, dans les joies de l’imaginaire, du phantasme, de l’irréel à portée de main bref je vous transporte dans mes rêves. Mais sachez-le dores et déjà,  vous qui êtes déjà atteint d’addiction sévère, de dépendance au hasard ou pour ceux qui possèdent LA martingale, LE gris-gris gagnant à tous les coups : vous n’êtes pas près de guérir … ce voyage dans mon univers ne fera que renforcer votre conviction primaire, inébranlable et incontestable : 100% des gagnants ont tenté leur chance !   Et vous avez en votre possession tous les atouts pour faire parti de ce club fermé, si prisé et si envié des gagnants,  gros ou petits. N’en doutez pas, ce qui arrive aux autres peut bien vous arriver à vous aussi. Il n’y  pas de raison pour que cela ne se produise jamais.

Tout d’abord, sachez que, contrairement à tous ces intellos donneurs de leçons, MOI je vous aime. J’aime tous les joueurs invétérés : leur dépendance, leur fragilité, leur urgence. Vous êtes mes frères, on se comprend, on se devine, on éprouve les mêmes joies, les mêmes déceptions et frustrations, les mêmes jubilations aussi (prononcez JU – BI – LA – TION svp ! ). Moi, face à ma page blanche, vous, face à votre grille, jeux de grattage ou votre téléphone pour participer au prochain jeu de tirage au sort  télévisuel. La même émotion, le même vertige : que vais-je faire, comment commencer, qu’y a-t-il en jeu ? J’ai envie, je bouillonne d’excitation, je trépigne de désir, je n’en peux plus, vite vite il faut que je commence. Et là tout s’enchaîne comme pour le joueur devant sa machine à sous, j’aligne les mots comme on place une pièce dans la fente de l’infernale machine. Je fais une pose.  J’ai un doute : est-ce que je suis bien dans la bonne formulation, ai-je bien choisi le mot juste ? Et vous, êtes vous installé à la bonne table de poker, à la bonne machine, dans le bon café ?

Je recherche sur internet la définition exacte du mot que j’emploie, je vérifie parmi la liste des synonymes qu’il n’existe pas un mot plus percutant, plus adéquat. Et vous qui fouillez dans les journaux , les magazines et les publicité en tout genre, sans compter sur internet également où foisonnent pléthore de propositions alléchantes pour gagner un iphone, une tablette, un téléviseur et autres joyeusetés techniques ! Et vous là, qui préférez étudier votre journal de turfiste avant de remplir votre grille de quinté : vous êtes tous mes alter égos. Nous sommes mués par la même exigence de qualité.

Je relis maintes et maintes fois mon écrit avant d’y apposer le point final. Tout doit être parfait : l’orthographe, la syntaxe, l’enchaînement des idées. Et vous qui contrôlez 10 fois votre ticket de loto avant de le faire valider, vous qui faites le tour de la machine à sous avant de la choisir ou qui attendez des heures qu’une machine, que VOTRE machine se libère. Vous qui recomptez 20 fois les billets dans votre main avant d’aller parier. Nous avons tous les mêmes manies, les mêmes tics, les mêmes tocs également.

 

Combien de fois ai-je contrôlé que mes sauvegardes étaient bien faites. J’ai si peur que ma satanée machine ne me lâche. Imaginer une défaillance technique me paralyse : j’y perdrai ma vie, mon âme ! Je vous vois et je vous comprends, vous qui tremblez devant la machine à sous qui s’emballe : ne va-t-elle pas se bloquer, s’arrêtera-t-elle au bon endroit ? Vous fera-t-elle gagner ou au dernier moment ripera-t-elle vers votre perte ? Nos peurs sont identiques. Nous sommes dépendants de cette technologie qui peut, à tout moment, défaillir et nous faire sombrer la plus totale déprime. Notre survie dépend de leur bon fonctionnement. Imaginez un téléphone portable qui s’éteint faute de batterie au moment pile où il faut appeler pour gagner 10 000 euros. Vous voilà alors pris de sueurs, de nausées : c’est sûr il vous faut appeler,  votre vie en dépend !  Imaginez que VOTRE stylo fétiche, celui qui vous fait gagner à tous les coups, tombe en panne d’encre et vous voilà incapable de réfléchir,  de trouver une solution. Vous êtes définitivement, mes frères et sœurs. Nous sommes liés par nos craintes.

Et puis il y a l’attente : laisser le temps au temps, laisser l’idée germer afin que le processus d’idéation arrive à terme et que jaillisse l’inspiration. Le temps de l’attente du premier jugement également : le premier lecteur, celui qui a le droit de vie ou de mort sur votre création. Et vous, qui après avoir validé votre ticket, attendez pendant des jours le résultat. Vous qui regardez cette course hippique en attendant de savoir si vous avez misé sur le bon cheval. Vous qui contemplez votre main de poker en attendant de savoir si votre dernier partenaire va se coucher ou non . Vous qui fixez la bille de la roulette tourbillonnante afin se savoir où cette dernière voudra bien aller se nicher ? Vous avez les mêmes  impatiences, vous vivez les mêmes excitations que moi.

Les mêmes émois, les mêmes inquiétudes ; Moi  :  est-ce que ça va plaire ? Vous : Est-ce que je vais gagner ?

Et puis il y a la joie, le bonheur fou quand on accède à la félicité : j’ai gagné ! Moi parce que mon premier lecteur a trouvé passionnant mes premiers écrits, vous parce que la chance vous a souri ! Même si c’est une petite victoire, que je n’ai pas encore de notoriété, c’est déjà ENORME ! Un petit pas vers le rêve de grande victoire, vers un peu plus de lecteurs pour moi, un peu plus de gains pour vous. Nous avons les mêmes motivations, les mêmes goûts de victoires petites ou grandes, tout est bon à prendre.

Je passe des nuits d’insomnies à écrire, penser ou lire pour enrichir mon univers. J’ouvre constamment des fenêtres pour échapper à la réalité dans lesquelles je m’évade afin de laisser part au processus de création : il me faut rêver, imaginer, créer en toute impunité et dans la solitude. Je fais alors fi des autres. Je les ignore, ils n’existent plus. Vous que l’on juge égoïste parce que vous passez des heures sur votre passionnante activité, parce que vous dépensez des fortunes pour assouvir votre addiction, je vous suis dans votre solitude et je vous absous.  Nous sommes des être à part, vivant dans un univers parallèle par croisant parfois cette réalité que nous cherchons à fuir pour mieux nous échapper, retourner à notre addiction, à nos démons, à nos petites joies et nos grosses frayeurs !

Et dire que j’allais oublié l’adrénaline ! Vous et moi savons de quoi nous parlons : cette excitation qui monte, ce besoin impérieux, ces nuits blanches qui s’enchaînent jusqu’à l’épuisement total. Tout cela est possible parce qu’ une hormone, l’adénaline, Hormone produite par les glandes surrénales et qui augmente le rythme cardiaque (dixit définition officielle) nous tient éveillé, nous permettant de nous dépasser, de prolonger la nuit cette recherche du plaisir.

Je vous avais promis un voyage inoubliable au pays du phantasme. Nous y sommes indubitablement : je vous accompagne dans vos rêves de gloire, de gains inespérés,  de reconnaissance de vos paires. Je suis comme vous, une grande rêveuse : je rêve moi aussi de gloire, de reconnaissance, de changement de vie également : pourvoir écrire encore plus ! Avoir le temps de faire des recherches plus approfondies. Apprendre à construire un roman et me lancer. Je n’ose pas. Les nouvelles ont pour moi un avantage énorme : je consacre à une nouvelle environ 2 à 3 jours en moyenne. Cela me permet d’avoir le temps de faire une pause entre 2 nouvelles car la réalité me rattrape parfois et je dois bien me plier à ses exigences : partir en vacances, préparer des projets, m’occuper de ma famille, recevoir mes amis. Ils sont ma source d’inspiration, alors je me dois de les chouchouter ! Et puis aller au boulot : dire que cela occupe 9 heures dans ma journée me déprime ! Non pas que ce job soit insupportable mais il me prive trop de ma came ! Que ne ferai-je en 9H si je les consacrais à l’écriture ? Peut-être cesseraient alors mes insomnies ou peut-être serai-je incapable de créer en pleine journée et les passerais-je à me traîner comme une âme en peine ?

Me voilà arrivée au bout de mes capacités créatives sur le sujet : il me faut vous quitter avec regret. J’espère que vous avez passé un bon moment en ma compagnie et que, vous que l’on juge trop rapidement futile, inconséquent, inadapté à cette société, maintenant que vous m’avez lu, j’espère que vous vous sentez moins seul, moins incompris, moins jugé. Et pour ceux qui ne se sont pas reconnus dans cet essai, sachez que vous nous manquez : venez donc faire un tour au casino pour nous rendre une petite visite un de ces jours, ou plutôt, une de ces nuits d’insomnie …