Deuxième effet KISSCOOL

05/11/2013 03:51

DEUXIEME EFFET KISSCOOL

Son Mari lui a annoncé : « J’ai repris contact avec Pierre Marin. Ton fameux amant qui te trouvait tellement « bonne » mais avec un caractère de chiotte ! On va déjeuner ensemble mercredi prochain histoire de reprendre contact professionnellement : il travaille à la Société Générale et j’aimerais qu’il me coopte pour intégrer cette boite. Qu’est-ce que tu en penses ? ».

Ses neurones ne font qu’un tour dans son cerveau en ébullition avant qu’elle ne formule sa pensée : « Ce petit con ? Et bien j’aimerais bien tenir ma vengeance et par là-même, la tienne également. Une petite leçon de vie ferait le plus grand bien à ce petit coq  prétentieux ! Que dirais-tu si je vous rejoignais à votre déjeuner, par surprise, dans une tenue des plus affriolantes et que je mette le paquet côté séduction sur ce cher Pierre ? »

Son mari la regarde, mi-figue mi-raisin : « Ce n’est pas une tentative pour reprendre contact avec cet excellent amant, dixit tes descriptions élogieuses sur le sieur Pierre et ses prouesses sexuelles ? ». « Ha parce que tu croies vraiment qu’après t’avoir annoncé qu’il m’avait sauté avant toi, que j’étais un « bon coup » mais avec un foutu caractère, j’ai envie de m’humilier à nouveau en remettant le couvert ? Mais tu me prends pour qui ? »

Elle voit bien qu’elle a fait mouche, que l’œil de son mari s’illumine et que la perspective d’assister à une tentative de séduction de son épouse  sur  le sieur Pierre n’est pas pour lui déplaire. L’idée à l’air de faire son chemin. Elle a l’intelligence d’en rester là et de laisser le vers dans le fruit faire son œuvre.

 

Le lendemain, son mari revient d’ailleurs sur le sujet : « J’ai réfléchi à ta proposition concernant Pierre et je pense que cela peut être amusant de voir sa tête quand il te verra. J’avoue que l’idée que tu lui en mettes plein la vue n’est pas pour me déplaire ! OK rejoins-nous à la défense à 12h30 sur le quai à côté du ‘Point Relay’. On t’attendra. Je ne dis rien à Pierre, je le mettrai devant le fait accompli ! Et fais-toi belle, qu’il regrette de t’avoir laissée s’échapper … »

 

Le jour J elle s’est levée plus tôt que d’habitude afin de parfaire sa tenue, son maquillage et sa coiffure. Elle a également préparé un déjeuner rapidement réchauffable pour ses deux filles et leur a expliqué la veille qu’elle rejoignait son mari sur Paris pour déjeuner avec lui. Elle a mis un jean moulant plutôt qu’une jupe afin d’avoir l’air décontracté, car après tout, c’est son jour chômé et elle n’a aucune raison d’être sur son 31. Un joli top moulant et décolleté avec une surchemise ouverte, un parfum captivant, son préféré, la tuerie des tueries : « Jasmin d’Egypte » de l’Occitane. Il ne lui en reste plus qu’un fond qu’elle conserve précieusement à l’abri de la chaleur et de la lumière car ce parfum a été arrêté et le nouveau « Jasmin et bergamote » n’a rien à voir ! Qu’elle déception !

 

Elle arrive sur le lieu du RDV avec  5 mn d’avance et elle aperçoit Pierre qui poireaute déjà. Est-ce qu’il est au courant maintenant ? Il n’a pas changé, apparemment il prend soin de lui et à l’air bien dans sa peau, un tantinet hautain. Allez courage, autant se jeter à l’eau : « Salut Pierre, tu attends Thierry je crois ? ». Elle perçoit une lueur d’interrogation puis une illumination : c’est qu’elle a changé de coiffure depuis ! Mais n’a pas pris un gramme : à raison de 6H de sport hebdomadaire plus une hygiène alimentaire surveillée, elle a fini par dompter ses démons : les kilos superflus !

Musclée, féline, perchée sur ses bottines à talons, un petit perfecto en daim marron assorti aux  boots et à son sac à main, elle fait beaucoup moins que son âge : on lui donnerait une petite quarantaine alors que dans quelques mois elle sera devenue une quinqua !

Elle s’amuse de voir qu’il a compris et qu’après une brève inspection il bafouille «  ha tu bosses aussi dans le coin ? ». « Non pas du tout, je ne travaille pas le mercredi et j’ai pensé venir vous rejoindre en alliant l’utile à l’agréable, je vais en profiter pour m’avancer dans mes courses de Noël. Ca ne te dérange pas si je me joins à vous pour le déjeuner ? » « Non bien sûr, c’est avec plaisir »

Sur ces entrefaites, elle aperçoit son mari goguenard qui s’avance : « tiens, pour une fois tu es en avances ! » lui assène-t-il en lui déposant un baiser sur la bouche. « Salut Pierre, où va-t-on déjeuner ? »  demande-t-il . Elle se permet de lui couper la parole en  proposant : «Je connais un petit restaurant Chinois pas trop mal sur l’esplanade, un peu à l’écart, ça vous dit ? »

Ils sont partis vers son restaurant, se jetant quelques coups d’œil furtifs, elle, s’arrangeant pour être devant, histoire que Pierre puisse admirer sa silhouette musclée. Le processus de séduction étant alors bien enclenché, elle se positionne dans le restaurant au milieu, entre Pierre et son époux, plutôt en face de Pierre afin de pouvoir lui jeter quelques regards bien appuyés si besoin. La commande est partie et la discussion fuse entre eux trois : c’est qu’ils se connaissent bien tous les trois. La complicité d’antan revient, intacte, et elle se détend,  oubliant petit à petit sa tentative de séduction, et se laissant aller à un vrai plaisir retrouvé de joute intellectuel entre ces deux personnalités de garçons si différentes. Elle admire l’aisance de Pierre, cet homme à femme tranquille, serein, sûr de lui. Elle trouve dommage que son mari ne prenne pas plus de place : un peu trop timide ou intimidé ? Un peu trop effacé ou dominé ? Elle sait qu’il manque justement de confiance en lui et cela se voit. Cette fragilité, ces doutes qui constamment l’envahissent, l’empêchant d’être totalement à l’aise, c’est justement son charme à lui. Il l’émeut. Mais là elle aimerait le voir maîtriser la situation et prendre le contrôle. Affirmer sa personnalité, sa virilité, ses choix, pour qu’elle-même se sente mieux, sûre de son choix à elle : le mari qu’elle a choisi voilà 18 ans est « top » et Pierre ne doit avoir aucun doute là-dessus. Sauf que, au dessert, son mari trouve malin de se lever pour s’absenter aux toilettes. Elle le connait bien, et comprend au premier regard ce que son époux attend d’elle : « profites-en, passe à l’attaque, je vais m’arranger pour mâter ! » croit-elle lire dans ses yeux.

Ils sont gênés, ne savent pas quoi se dire, puis elle se jete à l’eau et lui demande : « Alors quel âge ont tes enfants maintenant ? »

« 12 et 8 ans, deux garçons » lui répond-il.

« Ca change la vie hein ? Pas toujours facile de concilier la vie de famille, le boulot, les amis ! Le temps file si vite depuis mes enfants, c’est un truc de fou. Tu le crois que je vais avoir 50 ans ? Qu’elle déprime ! »

« Arrête, tu ne les fait absolument pas, tu es magnifique ! ». C’est parti tout seul, spontanément.

Elle ne peut que répondre à tel compliment : « Ho merci, c’est gentil ! Mais pourtant les années sont bien là ! Et parfois, l’adolescence de mes filles me renvoie à ma propre adolescence. Les bouffées d’insouciance,  de légèreté,  de frivolité remontent en vague et me submergent. J’aimerai tant alors dans ses moments là revenir en arrière et revivre quelques instants de bonheur de l’époque … »

Elle s’arrète là, songeuse, partie dans ses souvenirs, et il l’a rattrape, lui prend la main et les yeux dans les yeux lui assène le grand tarte à la crème des séducteurs : « tu sais, je ne t’ai jamais oublié … »

Ouf ! Il était temps ! Elle éclate de rire, retire sa main et lui assène : « He bien toi, côté séduction, on ne peut pas dire que tu te sois bonifié avec le temps ! »

C’est le moment opportun que choisi son époux pour les rejoindre : « Mon Dieu que tu as le sens du timing, mon cœur » lui dit-elle avec tendresse tout en l’embrassant. « Je vous quitte, j’ai des tonnes de courses à faire ». Elle envoie un salut à la cantonade, embrasse langoureusement son époux et file, tranquille, la démarche assurée, les épaules et la tête hautes, vers son destin de quinqua heureuse et comblée. « La vengeance est plat qui se mange froid, monsieur Pierre. C’était la leçon du jour ! » S’amuse-t-elle à penser.

Elle sait pertinemment que ce soir, son époux lui racontera la suite du déjeuner alors qu’ils seront enlacés dans le lit conjugal et la certitude d’une douce nuit d’amour qui l’attend, l’envahit alors. « Deuxième effet ‘KISSCOOL’ » pense-t-elle alors ! Décidemment, sa jeunesse n’en fini pas de la rattraper !