Crise

31/10/2013 16:34

CRISE

Lundi 30 septembre 2000 et des poussières minuit 30. J’étais en train de dormir, couchée la veille à 19H40, crevée par un dimanche en famille : les préparatifs, l’excitation des retrouvailles, le suivi de l’organisation : comme d’habitude mon époux ne me fût pas d’une grande utilité et je gérais seule le timing de cette journée un peu particulière, les quinze ans de ma fille aînée, douze personnes à table. Tout fût parfait ! Jusqu’aux chocolats divins que j’allais chercher la veille exprès chez OSMONT, LE grand chocolatier à CONFLANS SAINTE HONORINE. J’ouvre un œil, je regarde mon réveil et dans un demi-sommeil je crois qu’il est 1H30. Je calcule les heures de sommeil : 5H, c’est Byzance alors inutile d’espérer se rendormir ! Autant se lever. A peine un pied posé par terre et le vertige de la création me reprend : je vais avoir le temps de créer. Je descends dans la cuisine faire chauffer de l’eau, j’ouvre aux chattes et à Gribouille, mon chien, et j’allume mon PC. Je retourne préparer mon thé et je fais rentrer le chien. Chaussée de mes lunettes de vue j’ouvre fébrilement mon premier fichier EXCEL intitulé Livre de nouvelles.docx dans lequel j’ai inscrit toutes les idées que je me dois de développer. J’allonge la liste de ces idées à chaque fois que je créé une nouvelle « Nouvelle ». Si bien que je n’en fini pas d’écrire et j’ignore si, un jour, j’y mettrai un point final. Le vertige me reprends, mon cœur bat la chamade pendant que je déroule le texte à la recherche de l’idée qui retiendra mon attention. J’hésite entre « ALORS ON DANSE » et « CRISE ». La folie me guette : et si j’écrivais les 2 ? il est déjà 1H15 et il va falloir que je dorme au moins 2H avant d’aller travailler. En 4 heures il m’est matériellement impossible de créer deux nouvelles. Il me faut faire un choix, et, c’est décidé vu mon état, il est tant de me soulager, de trouver peut-être une solution,de calmer le jeu et d’avancer : mon choix se porte donc sur « CRISE ». Et je commence : Est-ce le bon titre ? Première question avant de créer le fichier WORD car je dois lui trouver un nom, qui, comme il se doit, c’est devenu une routine maintenant, sera le nom de la nouvelle. Oui ca me plait CRISE : c’est vague, ambigu et le lecteur s’attendra peut-être à ce que je développe sur le thème de la crise de nerf ou de la crise financière. Puisque ce point est réglé, je créé le fichier et mes doigts défilent sur le clavier en même temps que les caractères s’affichent à l’écran. J’hésite sur l’accord d’un verbe et, refusant de me fier au correcteur orthographique de WORD qui est un idiot, j’ouvre une fenêtre internet sur un outil de conjugaison afin de vérifier le point litigieux.

 

Ca y est le processus d’idéation est enclenché, chaque mot en entraînant un autre, chaque phrase en amenant une autre et ce, de façon naturelle sans avoir à me forcer. D’où me vient cette fièvre ?
Pourquoi est-ce que je ne peux retrouver le sommeil qu’après avoir mis un point final à une nouvelle, soulagée d’un énorme poids ? Quel est ce poids qui m’oppresse, d’où vient-il ? Où m’emmène-t-il ? Vers la folie, l’épuisement physique et moral ? Y laisserai-je ma raison ou ma santé ? Laquelle des deux va céder la première sous le coup de ces crises à répétitions qui ne veulent plus me lâcher et ce, depuis un mois ? Quel a été le détonateur de ce nouveau rythme de vie ? Par où commencer pour vous l’expliquer et par là-même me permettre d’y voir clair ? Arriverai-je à être honnête envers moi-même ? il me faut vous avouer dès maintenant que ces crises d’insomnies que je subie depuis plus d’un mois, dont le rythme s’accélère et s’intensifie, se sont muées au fil du temps d’ANGOISSE en ESPOIR. J’ai fini par attendre ces insomnies comme une amie que l’on reconnaît et que l’on attend avec impatience.

 

La première insomnie m’a surprise, mais rien de bien méchant, j’en avais vu d’autres en étant enceinte ! Ce sont des choses qui arrivent. Qu’ai-je fais ce jour-là, ce soir-là devrais-je dire ? Me voilà qui remonte mon journal intime sur août, jusqu’à ce que je trouve une heure indue et je me retrouve au début de mon journal.

vendredi 8 août 20.. 3H47 : « j’ai recommencé à écrire voilà quelques jours déjà. Insomnies, fébrilité, imagination débordante, crises de larmes sont devenues mes nouvelles compagnes. J’ai fait le tour des raisons de ce bouleversement : dû au régime commencé voilà 11 jours ? J’ai déjà perdu 4 kilos 300 c’est un peut-être un peu exagéré ! Dû à La ménopause ?  Dû à une crise maniaque ? Quoiqu’en soit la ou les raisons, je me délecte de cet état. D’abord mon amincissement me réjouit : Enfin je perds du poids sans même m’en apercevoir puisque j’ai tout simplement perdu l’appétit. Un symptôme de plus en fait. Ensuite, je me plonge volontairement dans ce monde imaginaire dans lequel j’invente des tas d’histoires … »

Samedi 9 août 20.., 4H20 : « j’ai bien dormi. Couchée à 22H00, crevée après 1H15 de natation. Comment décrire le bien-être que j’éprouve dans l’eau … »

Lundi 11 août, 5H32 : « Petit à petit les choses semblent s’améliorer. Je dors un peu mieux tout de même (22H30 – 5H15 = 6H45 ! Waouh, super ! ). Je me sens aussi moins fébrile, moins excitée. Par contre côté poids c’est toujours pareil : je suis obsédée par l’amincissement ... »

Mardi 12 août 20.., 7H28 : « j’ai super bien dormi. La fatigue accumulée ces derniers 15 jours ont eu raison … de ma raison. Mon cerveau a accepté une pose dans ses délires … »

Mercredi 13 août 20.., 3H30 : J’ai bien dormi malgré l’heure un peu matinale de mon réveil. Je suis décalée voilà tout. Hier au soir j’ai ressenti un vrai coup de barre à 21H. Je suis montée me coucher. Alors dodo 21H30 – 3H30 = 6H de sommeil. Pas si mal tout de même pour une insomniaque. Et me voilà repartie dans mes pensées, qui, cette fois-ci, à ma grande surprise m’emmènent vers … »

Dimanche 18 août 20.., 3H00 : « je suis réveillée. J’ai chaud… »

Mardi 10 septembre, 3H15 : « Et voilà : chose promise chose due. Une bonne insomnie des familles pour repartir du bon pied. Je meurs d’envie de … »

Mercredi 17 septembre 20.., 5H40 : « j’ai fait 2H de gym hier au soir. J’ai bien dormi, j’étais crevée … »


Samedi 11 septembre 200.., 3H36 : « Je viens d’envoyer un mail à … »  suivi de 4H36 : « Je me suis concoctée un hot whisky … »

 

HORS JOURNAL INTIME :

Le 21 septembre : mail envoyé à 3H13

 

Lundi 23 septembre, 20.., 2H44 : « Et oui encore une insomnie mais cette fois-ci je sais pourquoi : j’ai envie d’écrire, une envie irrépressible, une urgence indescriptible, j’ai faim de mots, de lignes, d’idées, d’idéation. Je vais écrire des nouvelles (ou des essais : il faut que je cherche la différence). Dernière idée en date : … »

 

 

Mardi 24 septembre 20.., 2H25 : « Mes insomnies s’aggravent à nouveau. Combien de temps tiendrais-je à raison de 2H de sommeil par nuit ? Qu’elle est cette urgence qui m’habite, ce mélange de fébrilité, d’excitation, d’agitation, de nervosité intense qui m’emporte vers cette fièvre de vivre. Je reconnais tous ces symptômes trop forts, trop violents, trop intenses pour être honnêtes. On pourrait me croire shootée à la coke ! Mon dieu, aidez-moi !  Je suis en pleine crise et j’adore ça. Je m’en nourris. La perte de poids aurait due m’alerter plus tôt. Je m’en suis doutée puisque je l’ai écrit voilà plus d’un mois. Mais je croyais encore être maître du jeu et pouvoir juguler moi-même cette crise. Mais non, je voulais me leurrer moi-même, rester aveugle pour mieux profiter de cet état de grâce : la création ! Laissez-moi imaginer, vibrer, créer en paix ! Et tant pis si le prix à payer m’attend inexorablement : la chute, la descente aux enfers, toucher le fond, s’y noyer, étouffer de tristesse et du dégoût de vivre, tendre indiciblement vers sa propre mort. Je sais qu’à chaque crise maniaque, la dépression succède obligatoirement. Le moindre échec devient alors une montagne infranchissable. Mes larmes coulent : je n’ai pas le droit ! J’ai deux filles magnifiques, je me dois d’être là pour elles comme un roc ! Il faut que je me soigne ! Vite !

J’écris, je m’occupe du voyage aux STATS, je gère l’anniversaire d’Anaïs, je vis ma relation avec Chantal, Laurent, François … »

 

Dimanche 29 septembre 20.., 2H23 : « Je délaisse trop ce journal au profit de … et de mes nouvelles. J’en écris presque une par jour. Au détriment du sommeil et de mon équilibre psychique. Je dors de moins en moins, je pense à … »

 

 

Lundi 30 septembre 20.., 00H30 : « Je commence à écrire. J’ai dormi 4H00 ! »

 

 

Voilà où j’en suis de mes insomnies, de ma rage d’écrire, de cette folie qui s’est emparée de moi voilà presque 2 mois. Tout à changer. Mon rythme de vie, mon humeur parfois rendue au paroxysme de la fatigue accumulée me menant au bord de la crise de larmes, mes évasions quotidiennes de plus en plus nombreuses : sortes de petites fenêtres que j’ouvre dès que j’ai un moment de solitude pour m’échapper de la réalité. Je pense, j’imagine, je délire, j’échafaude mille hypothèses plus folles les unes que les autres, je ris intérieurement, je soliloque … Bref, je perds la boule et j’aime ça. J’ai écrit le 24 septembre que je devais aller me faire soigner, mais je sais déjà que si le sommeil revient comme avant je n’aurais matériellement plus le temps d’écrire. Il est 2H53 et cela fait donc 2H23 que j’écris. Et je n’ai pas fini. J’en suis peut-être à la moitié ou au tiers ! Comment faire si je dors toute la nuit pour sortir toutes ces obsessions de ma tête, pour leur faire prendre forme, devenir réalité une fois couchées sur le papier comme on se débarrasse d’une « patate chaude ». Tiens la page blanche, débrouille-toi avec ça maintenant ! Pour ma part, ça va mieux, je suis soulagée ! Jusqu’à la prochaine urgence, le prochain réveil impromptu, la prochaine crise. Cela s’arrêtera-t-il un jour ? Qu’elles conséquences auront ces insomnies si elles se prolongent trop longtemps ? Et que faire de ces écrits stockés ? J’ai tant besoin de lecteurs ! Mais tout cela est si intime, si personnel que j’ignore à qui je peux les faire lire sans blesser, sans heurter et prendre le risque de fâcher mes proches : ma famille mais aussi mes amis dont certains ne manqueront pas de se reconnaître. Il me faut un lecteur impartial, détaché émotionnellement, et avisé. A vous, mes amis, mes amours, mes enfants, et à tous ces inconnus qui ont croisé mon existence et qui, sans le savoir, ont été ma muse, sachez que, si un jour on me reconnaît assez de talent pour me publier, je vous aime tous. D’abord vous êtes mes amours : mes amitiés, mes coups de cœurs, mes trésors. Ensuite vous êtes ma source d’inspiration : que serais-je sans vous ? perdue dans un désert de solitude à vous parler du sable, des pierres, de la chaleur suffocante le jour et de la froideur de la nuit, de la couleur du soleil levant et couchant,du bienfait de l’eau qui étanche la soif et rafraîchit le corps. Et après, une fois que j’aurai fait le tour de ce désert, qu’aurai-je à vous écrire ? Le vide, impossible ! Merci à tous d’être là, de me supporter, de m’aimer pour certains. Merci de bien vouloir échanger avec moi : vos idées, vos doutes, vos chagrins, vos joies également. Merci de m’ouvrir vos cœurs et vos esprits. Merci à la vie également, au hasard, au destin qui met sur ma route des êtres et des situations magnifiquement « inspirantes » ! Merci à ces crises d’insomnies, ces crises d’angoisse et de doute de m’habiter pour m’entraîner toujours plus loin dans la recherche de réponses. Merci à la technologie, au XXIème siècle d’être ce qu’il est: Effrayant et magique !

Alors dans ces conditions comment accepter un traitement pour que tout cela cesse : m’abrutir de calmants pour me réveillée dans le cirage le lendemain ? Rentrer dans le cercle infernal des anxiolytiques ? Mais suis-je seulement réellement malade ? Est-ce vraiment une crise maniaque ? Et si oui, comment y faire face tout en conservant cet état de grâce ? A qui dois-je m’adresser : à mon médecin généraliste, à un psychologue ou un sophrologue ? Tant que tout va bien, que je gère, où est le mal ? Oui il m’arrive de craquer nerveusement sous le coup d’une fatigue si intense que j’en ai les larmes aux yeux. Je deviens alors invivable, les nerfs à fleur de peau, prête à en découdre à la moindre goutte d’eau ! Fuyez-moi alors et surtout, laissez-moi dormir ! Je m’écroule alors pour une heure ou 4 ! Peu importe la durée : ce sommeil réparateur est toujours salvateur et même avec 2 ou 3 heures de sommeil par nuit, je m’étonne moi-même, tenant le coup le lendemain sans défaillir, sans bailler, sans coup de barre. Par quel miracle peut-on passer de 6 à 8 H de sommeil par nuit à 2 ou 3 sans que l’esprit vacille ? Combien de temps peut-on tenir ainsi ? Et me voilà partie dans les recherches sur le sujet et voici ce que j’ai trouvé sur le site https://www.mon-sommeil.net  très bien fait et assez complet sur le sujet et sur lequel  j’ai récupéré le schéma suivant :

Et cet extrait du même site :

 

Combien de temps peut-on survivre sans dormir ?

C’est un étudiant californien de 17 ans qui détient le record mondial de non-sommeil – ou maintien à l’état éveillé : en 1965, il décida d’observer combien de temps il tiendrait sans dormir. Au début, ses amis se relayaient pour le tenir éveillé, puis ce sont des scientifiques qui ont pris en charge l’expérience. Après quelques jours, l’étudiant était devenu irritable et légèrement paranoïaque. Il a tenu en tout 11 jours, pour enfin tomber dans un sommeil de plus de 14 heures. Bien sûr, tout le monde n’est pas en mesure de survivre aussi longtemps sans sommeil ; il est possible que certains tiennent le coup encore plus longtemps, alors que d’autres mettraient leur vie en péril après bien moins de temps. Il existe différentes façons de mourir par manque de sommeil : soit par le manque de sommeil en soi, ou bien ses répercutions.

Voilà qui me rassure un peu, il y a de la marge ! Je vais également tester la piste des acides aminés. Et je vous raconterai si les crises sont passées. Ou pas : je n’aurais peut-être plus le temps de vous écrire. Mon silence sera alors, hélas, éloquent : j’aurai trouvé une solution pour dormir et ne plus vivre ces crises.