Etude de cas

Date: 07/03/2014 | Par: Pr ROGON Ancien Interne des Hôpitaux de Paris. Chef du Service hospitalo-universitaire Clinique des Maladies Mentales & de l'Encéphale. Hôpital Sainte Anne 75014 Paris.

Chère BEA,

Votre première (et seule à ce jour) contribution du 28/11/13 a déclenché, à votre corps défendant je dois l’admettre, une véritable psychose collective, libérant les paranoïas les plus aigues, déversant les gloses les plus pathologiques, agrégeant les obsessions les plus compulsives (trouvant comme point de fixation des objets aussi hétérogènes que la pâte feuilletée ou les téléphones mobiles) et ce sous couvert de l’émergence de vocations prosatrices des plus discutables.

Je suis, jusqu’à aujourd’hui resté le témoin silencieux de cette hallucination de masse (dont le cas le plus récent remonte au 15 août 1951 où les habitants de Pont-Saint-Esprit furent pris d’une frénésie psychotique qui donna lieu à 50 internements et que l’on attribua dans le désordre et sans exclusive à l'ergotisme, l'empoisonnement au mercure , l’intoxication par le trichlorure d'azote, la contamination par la mycotoxine Aspergillus fumigatus et à des essais d'armes biologiques).

Tout en reconnaissant le caractère exceptionnel du matériau psychiatrique offert par ce courrier des lecteurs (et qui déjà fait l’objet chez mes étudiants de cinq thèses doctorantes au demeurant fort prometteuses), je me vois pourtant contraint de sortir de ma réserve pour vous poser une question (voire plusieurs) qui ne cesse de me tarauder.

Avez vous pris connaissance récemment de ce courrier des lecteurs (nommé fort généreusement « livre d’or » par son administratrice) ? Si oui, gardez vous toujours intact ce même engouement, cette foi inébranlable dans le genre humain ? Y trouvez vous toujours le même apaisement ? Dans l’affirmative, je serais extrêmement honoré de vous voire accepter le parrainage des thésards acnéiques et plein d’avenir dont mon ci-devant codicille est l’objet.

Dans l’attente de vous lire, je vous prie chère BEA, de croire en l’expression de mes confraternelles salutations (j’induits de la sérénité affichée dans votre message que nous exerçons la même profession).

Nouvel avis